Il était une fois… la rivière du Lièvre
Avec ses 400 kilomètres d’eaux tantôt vives, tantôt calmes, la rivière du Lièvre est un incontournable de votre voyage d’hiver au Canada. Elle coule du nord au sud, permettant aux explorateurs d’hier et aux aventuriers d’aujourd’hui de se confronter à ses merveilles fauniques et florales. La rivière du Lièvre, l’un des principaux cours d’eau des Hautes-Laurentides au Québec, cumule une très longue histoire ponctuée de légendes. Avant de débuter vos vacances d’hiver au Canada, avant de vivre l’aventure de la neige, des émotions fortes et du dépaysement, avant de longer ce magnifique cours d’eau à motoneige ou encore de le traverser sur un pont de glace solidement créé par l’équipe Mekoos, laissez-moi vous raconter la rivière du Lièvre…
Les Algonquins et le lièvre
Du lac Némiscachingue à la rivière des Outaouais, cette rivière poursuit ses méandres à travers des vallées éclatantes de verdures, où les animaux broutent paisiblement. Oscillant entre villages, forêts, lacs et montagnes, la rivière du Lièvre tire son nom de cet animal éponyme qui abonde dans la région des Hautes-Laurentides. Les lièvres d’Amérique, qui se couvrent d’une jolie fourrure blanche lorsque la neige recouvre le sol, seront certainement au rendez-vous lors de votre expédition en motoneige au Canada.
Ainsi l’abondance de ce mammifère dans les vallées est à la source du nom que les Algonquins ont donné à la rivière : Wabos Sipi, qu’on peut traduire littéralement par rivière du lièvre. La mythologie algonquine laisse par ailleurs une place de choix au lièvre, le maitre des animaux selon ce que l’histoire raconte. Michabou, aussi appelé Grand Lièvre, envoie une loutre chercher un grain de sable, celui-là même qui deviendra la Terre… Le Grand Lièvre est aussi reconnu par les Algonquin pour avoir créé l’homme. Ainsi naquit la rivière du Lièvre.
Le rapide de l’Orignal
Cette rivière est également la source d’une autre légendaire histoire qui fait partie intégrante de la région des Hautes-Laurentides. Au centre de ce majestueux coin de pays, la ville de Mont-Laurier trône à titre de capitale. On l’appelait autrefois Rapide-de-l’Orignal (Mos Pawâtik en langue algonquine), en raison d’un orignal auquel on attribue des mérites exceptionnels, voire surnaturels !
À Mont-Laurier, un regroupement d’artistes de la parole, Les Conteurs de la Lièvre, en a par ailleurs fait un conte dont voici un court extrait :
« Alors, il voit Gros Panache sortir de la forêt, s’enligner directement sur lui et… s’envoler comme un oiseau au-dessus du rapide. L’orignal tombe difficilement de l’autre côté, il se relève, regarde Ti-Canot directement dans les yeux, lève la tête vers le ciel et brame triomphalement! Ti-Canot est complètement anéanti! Qu’est-ce que les chasseurs vont dire? Qu’est-ce qu’ils vont penser? Personne ne va le croire! Ils vont tous se moquer, ils vont penser qu’il a manqué de courage, qu’il n’a pas été à la hauteur et qu’il a laissé s’échapper Gros Panache!
Mais contrairement à ce qu’il avait cru, personne ne s’est moqué de lui. Les chasseurs croyaient tous déjà aux pouvoirs extraordinaires de cet animal fabuleux. Ti-Canot, lui, était loin de se douter qu’il venait de nommé un lieu, le Rapide-de-l’orignal, qui allait un jour devenir un village et une histoire qui allait rester pour toujours dans la tête et le cœur des habitants de ce pays. »
(source : Mélanie St-Cyr, Les Conteurs de la Lièvre)
Ce que l’histoire ne précise pas, c’est que la rivière du Lièvre, à l’endroit où aurait eu lieu ce fabuleux exploit, fait 30 mètres de longueur ! Cet orignal a eu des descendants, qui ont eu à leur tour des descendants, et c’est eux que vous apercevrez peut-être au détour d’un sentier alors que vous guiderez votre motoneige au cœur de la forêt et le long de la rivière du Lièvre, qui a longtemps été le seul chemin pour se rendre dans les Hautes-Laurentides au Canada.